À Cherbourg, il y a les demandeurs d’asile dont Mahdi, un jeune afghan parlant français couramment, et puis les autres : les sans-papiers, les passe-murailles, ceux qui ne se montrent que la nuit pour tenter de forcer les grilles du port de commerce, âprement défendues par les CRS. Un ferry pour l’Angleterre n’est pas loin. La mort non plus !
Mahdi n’est pas de ceux-là. Guidé par ses introspections, il attend calmement la décision de la commission chargée d’examiner sa demande d’asile… attente sans fin qu’il consacre à ses semblables venus d’horizons lointains, différents. Il leur enseigne le français, gère leurs conflits, s’implique dans une traque policière organisée contre d’infâmes passeurs, affronte les préjugés qui lui font obstacle… et se laisse happer par Cherbourg.
Réalité ou fiction ? Dans ce roman-témoignage écrit à la première personne, l’une porte le masque de l’autre. L’auteur et Mahdi parlent d’une même voix de leur long voyage initiatique à travers les ténèbres du déracinement.
En 1962, à vingt ans, Alain Rodriguez est arraché à sa terre natale. L’Histoire en a décidé ainsi. Il arrive en métropole avec pour tout bagage un sac à dos et une petite valise. Déboussolé, en quête d’un ancrage, il flirte avec les quatre points cardinaux de l’hexagone avant que l’Éducation Nationale ne lui fasse poser pied dans un collège du Nord Cotentin. Deux ans après, il épouse une Normande, fonde une famille… et ne quitte plus sa presqu’île.
Le Piaf de Kaboul, Alain Rodriguez
Éditions Le Lys Bleu
16,80 €